
Côte d’Ivoire-Lettre ouverte-Guillaume Soro révèle le rôle de Marcel Amon Tanoh dans la rébellion de septembre 2002
La crise sanitaire du fait du coronavirus qui sévit dans le monde entier n’empêche pas la Côte d’Ivoire et ses hommes politiques de vaquer à leurs occupations et dérouler leurs agendas. A la suite de sa démission du gouvernement ivoirien au poste de ministre des affaires étrangères le 19 mars dernier, Guillaume Soro avait promis une lettre ouverte à Marcel Amon Tanoh. Et bien, cette lettre, l’ancien président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire l’a publiée ce lundi 23 mars 2020. Toujours fidèle à son apologie de la rébellion qui a endeuillé la Côte d’Ivoire le 19 septembre 2002, et dont le couronnement a été le 11 avril 2011 avec l’avènement d’Alassane Ouattara en tant que président de la République de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, a révélé le rôle prépondérant joué par Marcel Amon Tanoh dans le cadre de cette rébellion.
Guillaume Soro-Lettre ouverte-« Mon cher Marcel, nous avons pris le chemin de l’exil »
La lettre ouverte de Guillaume Soro est longue de cinq chapitres. Dans chacun des chapitres, il vante les mérites et rappelle son rapport à « son cher Marcel ». Dans l’un de ces chapitres, on voit Guillaume Soro révéler subtilement, sans trop de détails, le rôle joué par Marcel Amon Tanoh dans la rébellion de Septembre 2002. A ce propos, voici ce qu’il dit : « Mon cher Marcel, Te souviens-tu que lors des difficultés que la Côte d’Ivoire a connues, on nous accusa d’en savoir bien plus sur le prétendu coup d’Etat de la Mercedes Noire en janvier 2001 ? Et nous dûmes, in extremis, chacun par son chemin, prendre la voie de l’exil. Nos cœurs frissonnaient alors de frayeur d’être éliminés. Car à l’époque, contrairement à ce qui était dit, toi et moi étions bel et bien sur la liste des personnes ardemment recherchées. Je dus me déguiser comme je te le révélerai plus tard, pour sortir de la Côte d’Ivoire.

Tu comprendras aisément que je réserve à mes mémoires les pistes par lesquelles toi et moi passâmes pour rejoindre la terre voisine du Burkina Faso où nous engageâmes un pénible, long et rude exil, dans l’isolement total et le dénuement. Seuls le courage et la résilience nous servirent alors de viatique dans cette traversée du désert. Je me dois de te dire que c’est au cours de notre long exil que j’ai appris réellement à te connaître, un peu comme on apprend à percer l’énigme d’un sphinx. L’homme Marcel Amon Tanoh dit « Tam-Tam » pour les initiés, se révéla alors à moi. Au cours de nos déjeuners, de nos dîners, ou même lorsque nous étions quelquefois saisis par un désespoir passager, nous nous préoccupions avant tout du sort de Monsieur Alassane Ouattara avant le nôtre.
Nous avons travaillé depuis notre exil au Burkina Faso
Nous avions uni nos efforts et nos intelligences pour que Monsieur Ouattara puisse regagner la Côte d’Ivoire. Je me permets de faire ce témoignage parce que de tous les collaborateurs de Monsieur Ouattara, tu as été celui qui a fait preuve de courage et de sacrifice pour son succès d’aujourd’hui. Tant de privations, d’humiliations, de souffrances ! En ces temps de braise, bien d’autres ont préféré l’exil doré de l’Hexagone. Aujourd’hui repus, ils seront les premiers à te jeter la pierre de l’ingratitude. Nous avons travaillé depuis notre exil au Burkina Faso à impacter la vie publique de la Côte d’Ivoire. Je dois dire que sans ta confiance, sans tes conseils pertinents et avisés, sans ta détermination, nous n’aurions pas pu réussir. Au moment où tu rends ta démission du gouvernement ivoirien, je n’ai pu en ce 19 mars 2020, résister à l’irrépressible tentation de rendre témoignage de ta loyauté et de ta fidélité envers Monsieur Alassane Ouattara.
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Guillaume Soro à Marcel Amon Tanoh : « Malgré le poids, l’immensité de la contribution que tu as apporté…pour le 19 septembre »
Je suis un témoin vivant et ma mémoire demeure vivace sur tout ce que tu nous disais et sur tout ce que tu me confiais, sur la nécessité de rester loyal et dévoué à Monsieur Ouattara. Plus jeune, j’étais peut-être fougueux, mais j’avais mon temps pour moi. Et pourtant, toi l’aîné, tu n’as jamais failli, ni douté que Monsieur Ouattara aurait un grand destin en Côte d’Ivoire. A contrario, certains qui, aujourd’hui jouent les loyaux avec obséquiosité, hier avaient parié que jamais Alassane Ouattara ne serait président de la Côte d’ivoire. Et toi Marcel, tu le sais aussi bien que moi. Vint le 19 septembre 2002. Malgré le poids, l’immensité de la contribution que tu as apporté, tu as eu l’intelligence et la sagesse de la discrétion et tu t’es effacé pour laisser le chemin aux quelques opportunistes de service, quand il s’est agi d’aller aux négociations de Marcoussis.
L’homme discret que tu es, n’a jamais voulu évoquer cette part de lutte et ta contribution à celle-ci
Et cela n’a point émoussé ta détermination et ta loyauté vis-à-vis de Monsieur Ouattara. Nous avons ensemble été au gouvernement. L’homme discret que tu es, n’a jamais voulu évoquer cette part de lutte et ta contribution à celle-ci. Tu me disais et je m’en souviens encore : « Guillaume, je suis un homme qui ne parle pas, je ne parlerai pas ». Or, c’est surtout avec tes conseils et l’élan que tu as impulsé que nous avons continué pour accomplir ce que nous avons accompli. Parfois ta discrétion et ton effacement me surprenaient, mais j’avais confiance en toi parce que je savais que tu étais guidé par l’expérience. C’est aussi la raison pour laquelle, j’ai sollicité quelques rendez-vous avec toi à Abidjan pour que nous fassions le bilan du combat que nous avions mené et pour que nous apprécions les perspectives…. ».