
Côte d’Ivoire-Justice-Guillaume Soro-Après sa condamnation à 20 ans de prison-Ses avocats se révoltent-Ils annoncent des poursuites judiciaires
Guillaume Soro a été condamné ce mardi 28 avril à 20 ans de prison et 4 milliards 500 millions d’amende, 5 ans de privation de droits civiques et 2 milliards au titre de dommages et intérêts à l’Etat de Côte d’Ivoire. Poursuivi pour tentative de déstabilisation, blanchiment et recel de fonds publics, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a été jugé par contumace. Non seulement en son absence, mais aussi en l’absence de ses avocats qui ont tenu à marquer leur total révolte face à ce qu’ils considèrent comme « un simulacre de procès ».
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Me Gohi Bi, avocat de Guillaume Soro : « Nous ne devrions pas prendre la parole à l’audience »

La veille du procès, interrogé par le confrère d’Afrik Soir, un de ses avocats, Me Gohi Bi, a annoncé que la défense n’a reçu aucune notification portant sur la tenue d’une quelconque audience. « Aucun avocat de la défense n’a reçu d’avis pour un quelconque procès ce mardi 28 avril. Notre client n’est pas présent. Donc même si nous avions reçu des avis, nous ne devrions pas prendre la parole à l’audience parce que le code de procédure pénal exige la présence du prévenu pour que ses conseils puissent intervenir. Donc sachant que notre client n’est pas là, même si nous avions reçu des avis, nous ne pouvions intervenir à l’audience », a expliqué l’avocat de Guillaume Soro. Après avoir été déroutés en date du mercredi 22 avril devant la Cour Africaine des droits de l’homme, les avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire, sont revenus à la charge le week-end dernier en annonçant un procès devant le tribunal de première instance d’Abidjan Plateau. « Ce sont les avocats de l’Etat de Côte d’Ivoire qui disent avoir reçu des avis pour ce procès. Nous, nous sommes de la défense. Donc nous ne sommes pas logés à la même enseigne. Ce sont ces avocats de l’Etat qui nous ont informés qu’il y avait audience de notre client, le 28 avril. Nous n’avons pas reçu d’avis », a confié Me Gohi Bi à Afrik soir.
« L’Arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, qui a été notifié à l’Etat de Côte d’Ivoire, demande à ce que toutes les procédures dans le cadre de cette affaire Guillaume Soro et les 18 de ses proches, soient suspendues jusqu’à ce que la Cour statue sur le fond, c’est-à-dire sur les recours en annulation de toutes ces procédures qui lui ont été soumises. Donc déjà, nos propos vis-à-vis de cette position que la Cour a prise, c’est que c’est une audience qui n’a aucun sens, c’est une audience qui ne doit pas avoir lieu. Sa tenue sera faite en violation de l’Arrêt de la Cour Africaine, les prescriptions de l’ordonnance faite par la Cour. Donc la défense que nous sommes, nous supportons très mal le fait d’aller participer à ce simulacre de procès », a, souligné enfin Me Gohi Bi.
Me Robin Binsard, avocat de Guillaume Soro : « Les juges qui ont apporté leur concours à ce coup d’état judiciaire… »

Peu après l’annonce de la condamnation de Guillaume Soro à 20 ans de prison par la justice ivoirienne, Me Robin Binsard, son avocat français, a réagi. L’homme de droit qui évoque un « coup d’état judiciaire » a, dans un tweet, informé que des poursuites seront engagées contre les juges ivoiriens qui se sont rendus complices de cette « forfaiture » devant des juridictions internationales. « Les juges qui ont apporté leur concours à ce coup d’état judiciaire en seront comptables et devront répondre de leurs actes, notamment devant les juridictions internationales », a posté l’avocat français sur son compte twitter. Pour rappel, la Cour africaine des droits de l’homme avait demandé à l’État ivoirien l’arrêt des poursuites engagées contre Guillaume Soro et ses compagnons de lutte emprisonnés en Côte d’Ivoire, le temps qu’elle se prononce sur le fond de l’affaire. Mais la justice ivoirienne n’a pas suivi et a prononcé, le mardi 28 avril 2020, la condamnation de Guillaume Soro à une lourde peine d’emprisonnement. Une décision qui, selon le camp de l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, n’a pour seul but que de l’écarter de la prochaine élection ivoirienne. Réagissant à sa condamnation, le président de GPS, candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne de 2020, a qualifié la sentence de la justice ivoirienne de « non-événement ».